Nine ou ce que tu n’entends pas

Nine ou ce que tu n’entends pas est mon dernier projet de l’année à Saint-Luc, réalisé pour le cours d’illustration.
Nous avions pour consigne de raconter une brève histoire (8 à 10 images), sans texte, autour d’un personnage porteur d’une déformation anatomique qui le singularise. Le travail devait être réalisé en lavis d’encre de chine, avec possibilité d’y ajouter des touches de couleur légères, et il fallait présenter la maquette sous forme de livre-accordéon.

J’ai exploité ce format particulier (que j’utilise beaucoup aussi dans mes carnets de voyage) pour créer un lien continu entre mes images. Mon personnage est une petite fille qui s’appelle Nine, et son oreille droite n’arrête pas de grandir…

J’ai aussi écrit un texte, même si ça ne faisait pas partie de la consigne. J’ai présenté à l’école la version silencieuse, mais j’aimerais bien réaliser aussi une version intégrant le texte que j’ai mis ici en légende.

Voici quelques extraits:

Qui a dit à Nine que son oreille est moche ? Qui a traité Nine de fille-éléphant ? Pas toi, j’espère...Nine a pris les grands ciseaux de sa mère. « Nine ! Ne fais pas ça ! » — Qui a dit à Nine que son oreille est moche ? Qui a traité Nine de fille-éléphant ? Pas toi, j’espère…Nine a pris les grands ciseaux de sa mère.
« Nine ! Ne fais pas ça ! »

Nine entend ce que tu n’entends pas. Tu le croiras peut-être, ou peut-être pas ! Le glissement des nuages dans le ciel et les battements de cœur des statues. Les fous-rires des arbres et la respiration des papillons.

illustration_nine_florence_plissart_leger_bruit — Nine entend ce que tu ne voudrais pas entendre. Les chagrins coincés en gorge, et tout ce que les gens pensent sans le dire. Le bruit du bris de la confiance. Le premier cri des bébés quand ils naissent et le grincement de la charrette qui vient chercher les morts. Parfois c’est trop de bruit. C’est trop…

illustration_nine_florence_plissart_leger_arbre — Ça n’empêche pas Nine d’être une petite fille et de faire le singe comme toi !

illustration_nine_florence_plissart_leger_mer — Nine entend ce qui est très loin. Les oiseaux d’Amazonie. Les cloches de Kyoto le premier jour de l’an. Les pas des chameaux dans le sable du désert. Le chant des baleines au fond de l’océan. Et la voix de son grand-père qui n’est plus de ce monde.

Bien que je trouve encore très difficile de dessiner sans modèle (j’ai fait poser ma soeur et une amie pour les positions de Nine), j’aime beaucoup le travail d’imagination autour du personnage, et j’ai aimé la contrainte imposée qui m’a permis de mettre en scène un personnage “différent”. C’était aussi finalement agréable de travailler avec très peu de couleurs. Pour les motifs des robes, j’ai détouré de vieilles gravures d’Encyclopédies.